La wilaya de Bordj Bou Arreridj : une mosaique de traditions
lundi 28 juin 2004
De ce fait, la wilaya de Bordj Bou-Arréridj a adopté, depuis très longtemps, le mode de vie de toutes les régions d’Algérie, devenant le socle d’une véritable mosaïque de traditions algériennes où se mêlent les us kabyles, sétifiens, sahraouis et chaouis donnant ainsi à la population de la région des Bibans, une particularité nationale : tous les « dialectes » ou langues du pays y côtoient une richesse culinaire mais aussi vestimentaire.
Aussi, selon une étude publiée par la direction de la planification et de l’aménagement du territoire « la wilaya de Bordj Bou-Arréridj est une véritable mosaïque de traditions rurales et urbaines, où l’on trouve pratiquement toutes les variétés des modes de vie du pays ».
Ainsi la collecte des olives et des figues se pratique toujours dans les zones montagneuses du nord, comme à Béjaïa, Bouira, Jijel, où l’on trouve tous les plats kabyles appréciés pour leur goà »t fort prononcé à l’huile d’olive, tel le chiouchiou (un couscous avec tous les légumes de saison cuits à la vapeur et servis avec des Åufs bouillis), tikerbabine (semoule roulée en sauce blanche), la galette de blé ou d’orge servie avec de l’huile d’olive et, bien sà »r, le couscous kabyle préparé surtout avec de la viande de bÅuf et arrosé d’huile d’olive. Toute cette région, qui s’étend jusqu’à la wilaya de Béjaïa au nord et à la wilaya de Bouira à l’ouest, a les mêmes traditions. Le tissage, pour toute la Petite et Grande Kabylie, se fait de la même manière pour le tapis aux multiples couleurs et le burnous blanc.
Ces régions se partagent les « traditions et us ancestraux » comme les mariages ou l’organisation des zerdas et ouziaâ (collecte de denrées alimentaires de la part de toute la population pour en faire un festin collectif pour le village lors des fêtes religieuses).
Au sud, dans la daïra d’El-Hammadia, limitrophe de la wilaya de M’sila, l’on retrouve les traditions du Hodna avec sa célèbre chakhchoukha et autres plats du Sud algérien comme le zviti mais, là aussi, l’huile d’olive est de tous les plats, comme d’ailleurs le smen et le beurre.
A l’est, dans les daïras de Bir Kasdali, et Aïn Tagrout, ce sont les traditions sétifiennes avec la chorba frik et el barboucha el keskes ou couscous bien garni avec les légumes de saison avec une sauce mélangée avec du lait et préparée principalement avec de la viande de mouton et servi, naturellement, avec du petit-lait de vache.
A l’ouest, l’on retrouve la daïra de Mansourah coincée par un triangle formé par les trois frontières des wilayas de Bouira, M’sila et Béjaïa, où se mêlent toutes les traditions culinaires et vestimentaires avec la kachabia, le burnous blanc en poils de chameau, le oubarr, le turban, la gandoura blanche et, bien sà »r, la traditionnelle robe kabyle avec ses vives couleurs, la robe sétifienne, le hidjab et même le haïk blanc et noir de Sétif.
Aussi, toutes ces coutumes, traditions et modes de vie de la Kabylie, du sud du pays, de l’Est, se trouvent conjugués dans cette région de Mansourah, appelée aussi Les portes de fer (el-bibane, d’où les Biban).
Pour les traditions chaouies, mêlées aussi au mode de vie sétifen, elles se trouvent particulièrement dans les communes montagneuses des daïras de Ras El-Oued et Bordj Ghdir, au sud-est de la ville de Bordj Bou-Arréridj, limitrophes aux wilayas de Batna et M’sila.
Toutes ces traditions constituent une véritable mosaïque au sein des familles bordjiennes qui habitent le chef-lieu de la wilaya, où l’on peut vous préparer toutes les spécialités de ces régions, sans oublier des plats ruraux comme e-zraïqa (un mélange de semoule, sauce, beurre, lait de vache et Åufs) et hasoua (des spaghettis maison, piquants, à la sauce rouge ou bouillis au lait).
Il existe, bien sà »r, d’autres plats communs à toutes les régions du pays comme errfis, el-bradj (mélange de semoule et de dattes).
Mais les traditions propres à la région de Bordj Bou-Arréridj se remarquent notamment lors de la célébration de l’arrivée du printemps, au début du mois de mars où la population organise des journées en plein air, pique-niquant trois vendredis consécutifs dans les prés et forêts, préparant tous les plats traditionnels que seules, aujourd’hui, les vieilles mères connaissent, tels que la galette de printemps, préparée avec du blé et cuite avec du jaune d’Åuf.
Ainsi donc, avec ces quatre frontières sétifienne (à l’est), sahraouie (au sud, M’sila), kabyle (au nord, Béjaïa) et chaouie (au sud-est, Batna), la wilaya de Bordj Bou-Arréridj est une véritable mosaïque où toutes les dimensions de la culture algérienne, dans ses formes de vie, est présente.
A cela, il faut ajouter que dans la daïra de Zemmourah, au nord-est de la wilaya, un haut lieu de religion musulmane, l’on retrouve aussi des traditions turques, mais avec le temps, elles ont été imprégnées de toutes les traditions algériennes.
En tout cas, toutes les familles qui résident dans la région de Bordj Bou-Arréridj peuvent prétendre être de toutes les régions d’Algérie. On ne peut passer sous silence, le fait que c’est probablement la seule ville où les mariages sont fréquents entre familles kabyles, arabes, chaouies et même mozabites.
A. Tabadji
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